Plongez au cœur calage de la Big Fucking Party 3 : une ingénierie du son, au service de la fête !
Vous vous souvenez de ce feeling impressionnant d’être enveloppé par le son face à ces façades à la Big fucking party 3 ? Vous vous souvenez de ce calage interminable mais ô combien savoureux quand les premières notes ont résonnées ? Derrière cette expérience sonore unique se cache un travail d’ingénierie acoustique minutieux ! Plongez avec moi dans les coulisses de cette installation folle !
La BFP3, la 3ème édition d’un événement festif en Espagne pour le nouvel an, réunit des travellers du monde entier. Comme le teknival et autres réunions de sound systems, c’est une super occasion de pousser à leurs limites des systèmes exceptionnels !
Cet article a pour but de vous emmener avec moi derrière la régie. Passionnés comme amateurs y trouveront leur compte tout en découvrant quelques clés de compréhension sur la conception de ce système !
Partie 1 : Les défis d’une telle sono
N’ayant que peu de contraintes en termes de site et de réglementation, le gros du défi résidait dans les attentes du public, des crews et dans le matériel disponible. L’objectif clair était d’exploiter les subs les plus puissants du collectif à l’unisson. Cette volonté excluait d’emblée l’éventualité de réaliser plusieurs stacks avec différents types de subs, comme on peut souvent le voir.
Une seconde contrainte imposée par les crews était la qualité et l’uniformité globale, excluant l’utilisation de multiples point sources. Le choix des tops et des kicks s’est donc avéré complexe pour obtenir suffisamment de puissance sans dégrader l’ouverture du système ni sa cohérence. L’utilisation de 12 NQ21, 12 KPFX21 et 12 BM218 ne nous a pas laissé d’autre choix que d’utiliser des tops type line array couplés. Enfin, aucune location de systèmes n’était possible, nous devions faire avec ce que nous avions.
Partie 2 : Les solutions techniques
Pour correspondre à l’idée d’unisson entre les subs, ceux-ci ont été stackés les uns sur les autres : black mamba en bas, NQ21 au centre, KPFX21 en haut, chacun par 12. Cette disposition permet une uniformité maximale sur l’axe horizontal et simplifie la réalisation d’un arc sub.
Pour la partie kick, nous avons utilisé 8 C2D en 15nmb1000 disposés en 4 colonnes de 4 kicks, 2 par 2 de part et d’autre des subs. Cette disposition permet de conserver une dispersion quasi omnidirectionnelle sur l’entièreté de la bande utile des C2D.
Les tops line sources utilisées ont été les Phoenix top de mon confrère Sound Agency. Ces tops en 10 pouces plus 2 x 1 pouce sont parfaits pour une disposition line source grâce à la diffusion cylindrique de leurs guides d’onde d’aigu. Utilisés par 4 de chaque côté du stack, nous aurions préféré en disposer de 6 à 8, bien que 4 Phoenix se soient montrés suffisants. Une paire de T24N avait été prévue en in et une autre en outfill mais n’ont finalement pas pu être utilisées.
Partie 3 : Le calage, quand le technicien devient informaticien
La compo est prête, les camions sont chargés (je vous passe la corvée 😉). Après maintes péripéties, nous voilà épuisés face à une sono prête à être calée et un public impatient.
Pour l’occasion, nous utiliserons un véritable petit tas d’AD442 DSP afin de processer l’entièreté de la façade et réaliser facilement le fameux arc-sub (retenez bien ce mot-là). Cette partie a été globalement assurée par mes collègues @0di_son et @topologues satellises, mais je tâcherai de vous la retranscrire au mieux !
C’est donc tout naturellement que les AD442 DSP sont tous interconnectés entre eux ainsi qu’à un ordinateur. Et c’est là que les choses se corsent. Je ne rentrerai pas dans les détails, mais un certain nombre d’AD442 DSP semblaient avoir des difficultés d’adressage DHCP et n’étaient pas détectés par l’ordinateur de mon collègue. Après de nombreuses tentatives, des adressages manuels, etc., rien n’y fait jusqu’à ce que l’on change… d’ordinateur. (et ce après plusieurs heures, la fatigue n’aidant pas au discernement) ENFIN, l’entièreté des AD442 DSP est à notre disposition, on va pouvoir faire parler la poudre.
Les presets de la partie médium–aigu avaient déjà été réalisés en amont de la soirée. Une petite mesure pour vérifier tout ça, deux ou trois EQ pour ajuster le tout, et c’est parti. Les C2D ont été raccordés aux Phoenix tops autour de 220 Hz afin de maximiser la clarté et la bande passante stéréophonique. Cependant, il était prévu que, si les Phoenix se montrent trop faibles, le raccord soit réhaussé autour de 300 Hz pour laisser un maximum de puissance dans le haut médium.
Quant aux subs, la première opération aura été de réaliser un arc-sub équivalent sur chaque ligne de sub. La mise en phase a été faite dans un second temps. Suite à cette mise en phase, des mesures en différents points sur le dancefloor nous ont permis de valider cette mise en phase inter-sub quel que soit la position dans l’espace.
Cet ensemble de subs a ensuite été raccordé aux C2D autour de 80 Hz, les Mamba ne permettant pas vraiment de jouer plus haut. Bien que nous aurions préféré un raccord autour de 95-100 Hz afin de décharger les C2D, le diagramme polaire de notre arc-sub nous permettait d’envisager un raccord jusqu’à 110 Hz quasiment !
Partie 4 : Pendant la fête
Le système a fait preuve d’une longévité correcte.
Niveau haut-parleur, un 21DS115 connu comme défectueux s’est complètement arraché (spider + cache noyau) pendant la soirée. Deux autres 21DS115 fraîchement remembranés par mes soins ont subi un sort similaire avec un arrachement complet du cache noyau. Ces 21DS115 ayant servi de cobayes pour m’entraîner au remembranage, rien de bien étonnant. Un 15NMB1000 s’est complètement enflammé alors qu’un autre 15NMB1000 se trouvait ponté avec lui et n’a pas bronché (haut-parleur remembrané lui aussi, peut-être une erreur d’impédance sur le kit utilisé ?).
Pour parler un peu des amplis, l’ensemble des AD442DSP a gelé pendant l’une des nuits. L’un d’entre eux a nécessité des soins palliatifs (chauffage, camion, cierge et tout l’toutim) mais est reparti dans la journée. Au moins un AD442 a subi le courant inverse produit par la membrane lors de son excitation acoustique, résultant en une poignée de MOSFET réduite en gravier.
En bref, on pourrait parler des soucis longtemps mais d’un autre côté, les Phoenix top, les K-PFX21 ainsi que les BM218 n’ont pas bougé, démontrant une résilience certaine au vu des contraintes du weekend (froid, durée d’utilisation, etc.).
Partie 5 : Résultat et retour !
Le système a été extrêmement bien accueilli, les retours étaient très positifs. Les crews, mes confrères et moi-même avons été impressionnés du résultat, bien que quelques soucis techniques (comme des amplis en défaut suite au gel) nous aient mis en difficulté. Malgré que nos AD442 DSP soient équipés de prises 32A, leur capacité à driver du sub est limitée par le niveau de leur courant d’appel. Une génératrice de 110 KVA n’a pas permis de faire tourner l’ensemble du système à pleine puissance. Peut être pour la prochaine Big fucking party !
Malgré de nombreuses réticences, les Phoenix tops se sont montrés très performants, à tel point que les limiteurs s’excitaient sur les subs et les kicks au moins 6 dB avant les tops. C’est pourquoi malgré la possibilité de le rehausser un raccord mid-kick à 220hz a été conservé ! Ces 4 phoenix tops ont finalement été bien suffisant.
Pour conclure :
Le système s’est montré très performant (80 kW de sub et 16 kW de kick) tout en restant cohérent, clair et en limitant les filtrages en peigne. L’implantation réfléchie et un réglage efficace ont permis de conserver une cohérence globale malgré la taille et la complexité du système. À l’avenir, les limitations techniques liées à l’amplification (DSP sensible, fort courant d’appel…) devront être réglées. Dernière chose, le manque d’infill pour les premiers rangs est un point à améliorer !
On voit au premier coup d’œil sur un AD442DSP que, malgré une alimentation potentiellement plus puissante, la quantité de condensateurs permettant de stocker de l’énergie et donc de limiter les courants d’appel est bien inférieure au AD42. Le AD42DSP semble donc plus adapté à driver de fortes charges sur génératrice.